Recherche

Recherche personnalisée

lundi 20 avril 2009

Second Life : l’autre monde du travail

Souvent présenté comme le nouvel eldorado, ce monde virtuel et ultralibéral ne permet de faire vivre, en réalité, qu’une poignée de personnes. Au prix d’un véritable investissement en temps et en argent.

© Marco Cadioli

Alex Seymour veut bien parler, mais pas devant ses clients : sur la piste de danse, les quelques avatars qui se déhanchent sur de la techno assourdissante peuvent avoir une oreille qui traîne. Il faut sortir, voler quelques centaines de mètres, avant de pouvoir discuter gros sous dans un champ désert. Nous sommes dans Second Life, le monde virtuel le plus fréquenté du Web. Ici, comme dans la vraie vie, parler argent reste tabou. « Surtout depuis que des reportages à la télé ont attiré des milliers de Français avides de faire du fric », explique ce jeune propriétaire foncier sur « France résidence », l’une des îles francophones de Second Life. La réalité virtuelle est un peu différente. Une poignée d’avatars gagne un peu d’argent, dont quelques Français, souvent très jeunes. Mais au prix de nombreuses heures de travail, d’un investissement financier réel, et à condition de maîtriser certaines compétences informatiques. Car Second Life n’est pas un jeu. Il n’y a pas de scénario, pas de début, et la fin n’est pas programmée. C’est ce que l’on appelle un monde « persistant ». Un décor graphique en 3D abrite des « avatars », des personnages façonnables, correspondant chacun à une vraie personne dans la réalité. Tout, dans ce monde virtuel, est créé par les membres de la communauté, et peut être revendu ou donné, le copyright appartenant aux créateurs. Linden Lab, la société éditrice de la plate-forme, ne fournit que le terrain brut, dont elle vend des régions, appelées des îles, aux membres qui souhaitent les acquérir. Mais l’originalité de Second Life, c’est que la monnaie interne, le Linden dollar, est convertible en vrais dollars. La masse monétaire en circulation dans le monde virtuel s’élèverait ainsi, en février 2007, à 5 millions d’euros, mais seuls 300 personnes dans le monde (réel) détiendraient un compte positif supérieur à 750 euros, sur les 300 000 membres réguliers du jeu. Il n’empêche, même si les fortunes sont peu nombreuses, le battage médiatique a généré de vraies ambitions. Et la promotion immobilière est ici l’activité la plus rémunératrice.

Grosse mise.
Alex Seymour, 21 ans, étudiant parisien en multimédia, a lui-même découvert Second Life suite à une émission sur M6 il y a quelques mois. « Au début, je m’amusais, je m’éclatais. Puis, rapidement, il a fallu que je trouve du travail. » Acheter des objets, des vêtements, ou une maison, pour celui qui veut « jouer le jeu », n’est effectivement pas gratuit. Travailler dans Second Life signifie alors glaner un peu d’argent pour financer ses besoins à l’intérieur du monde virtuel. Mais, après avoir fait le tour de quelques jobs alimentaires, Alex Seymour prend la décision d’investir. Et là, il faut sortir la carte bancaire. Pour acheter du terrain, il faut s’abonner (9,90 dollars par mois), et donner ses coordonnées bancaires. En collaboration avec un voisin (dans la vie réelle), il achète un terrain à 170 euros sur lequel il fait immédiatement construire une vingtaine de résidences et une boîte de nuit. Il affirme aujourd’hui récupérer près de 200 euros de loyers par mois. « Mais, les premières semaines, je ne dormais plus. Je passais dix-huit heures sur vingt-quatre sur mon ordi, à comprendre le fonctionnement et à aménager mon espace. »

Golden Star Bright (Jacques) se situe un cran au-dessus. A 28 ans, ce propriétaire, dans la vraie vie, d’une société de création de sites Internet a misé gros. Il y a un an, il a acheté deux îles de 65 500 m2, pour un prix de 3 000 euros les deux. « Au début, je n’ai pas accroché, mais, quand j’ai vu la frénésie autour de Second Life, j’ai saisi l’opportunité d’en dégager un vrai revenu complémentaire. » Il possède aujourd’hui plusieurs maisons, des bureaux, des commerces et, bien sûr, une agence immobilière, source principale de ses gains. Ses revenus mensuels, après versement de frais de maintenance de 600 dollars par mois à Linden Lab, s’élèvent à 1 700 euros. Temps passé lors des premiers mois : douze heures par jour. « Mais aujourd’hui beaucoup moins, car j’emploie des gens qui travaillent pour moi. »

Prolétaires.
Car, comme dans la vraie vie, les prolétaires sont nombreux sur Second Life. Ceux qui n’ont pas de capital pour investir doivent se faire embaucher. Golden Star Bright fait ainsi régulièrement passer des entretiens et emploie une dizaine d’avatars agents immobiliers qui touchent 5 % sur chaque transaction réalisée. Plus précaires encore, les petits jobs, comme homme-sandwich, escort girl ou agents de sécurité, ne permettent pas de faire fortune. Tout juste de gagner quelques centaines de Linden dollars par jour, soit quelques euros, essentiellement pour financer ses besoins dans le monde virtuel. Le métier de « camping chair » en fait partie. Il consiste à laisser son avatar assis à un endroit, ce qui permet au propriétaire du terrain d’augmenter sa valeur, indexée, entre autres, sur la fréquentation du lieu. Autre job d’avenir sur Second Life : la prostitution. De nombreux lupanars sont présents sur la plate-forme. Pour 500 Linden dollars (1,50 euro), une pulpeuse avatar s’occupe de votre double virtuel dans des positions non équivoques. Une (petite) source de revenus qui expliquerait que 20 % des femmes avatars dans Second Life cacheraient, dans la réalité, des hommes.

Véritable entité économique, Second Life est aussi, de fait, un modèle politique. L’absence quasi totale de règles en fait même un système ultralibéral. Aucun contrat de travail ne lie, par exemple, les avatars employés aux gros bonnets. Tout se fait sur parole, aussi bien l’embauche que le licenciement. Les seules règles sont imposées par les propriétaires des terrains qui peuvent autoriser ou exclure des comportements ou des avatars sur les îles qu’ils détiennent. Sans, bien sûr, aucune possibilité de vrai recours pour les personnes concernées, de même que pour les arnaques, nombreuses sur la plateforme.

Deuxième bureau.
D’autres métiers, moins portés sur le business, même s’ils rapportent, existent dans Second Life. Salvatore Diana, créateur de mode dans la vraie vie, a ainsi lancé, en collaboration avec le footballeur Djibril Cissé, la marque Carl Brexton, une ligne de vêtements virtuels haut de gamme. Dans un autre genre, Yadni Monde, graphiste, est un des personnages les plus connus de Second Life. Ce Français de 39 ans a créé, de A à Z, la zone « Paris 1900 », reconstitution historique d’une partie de la capitale dans ses moindres détails. Mais, là aussi, même s’ils s’en défendent, leur activité est source de revenus. Entre 500 et 4 000 euros par mois pour ce graphiste top niveau, près de 5 000 euros de capital pour Salvatore Diana.

« Fort mentalement ».
D’autres, encore, ont choisi de faire de Second Life une vitrine de leur activité dans la vie réelle. John Lost, alias Didier Lamarque, 38 ans, propriétaire de Modulinfo, une société de gestion de sites Internet, a ouvert un bureau dans Second Life : « J’y reçois mes clients, je négocie des affaires, comme dans la vraie vie », explique celui qui considère que la plate-forme pourrait être le Web 3 de demain.

Peu nombreux à faire fortune, et au prix de beaucoup de travail, souvent plus que dans la vie réelle, les entrepreneurs de Second Life préviennent d’un autre risque : la coupure sociale. « Attention, ce peut être très dangereux, explique ainsi Golden Star Bright, il faut être suffisamment fort mentalement pour que Second Life ne devienne pas votre "first life" et que vous finissiez par vous couper du monde réel. » Une autre menace pèse sur la pérennité de ce monde persistant : la concurrence. Suite à l’engouement suscité par la plate-forme de Linden Lab, plusieurs autres mondes virtuels devraient sortir de terre. Au risque de créer la première crise financière virtuelle, en cas de migration soudaine des membres de Second Life vers un autre monde...

9 commentaires:

  1. Bonjour, Merci pour la mine d’information bien utile ! Et encore BRAVO à vous.

    voyance gratuite

    RépondreSupprimer
  2. Un blog de haute qualité.C'est le type de blog qui me plaît et dont lesquels je partage mon point de vue modeste.
    Voyance gratuite serieuse

    RépondreSupprimer
  3. Bonsoir,
    J’ai flânée pendant un moment sur votre site, et je vous dit bravo pour tout ce que vous proposez. Très intéressant
    voyance gratuite mail

    RépondreSupprimer
  4. Merci beaucoup pour ce site et toutes les informations qu’il regorge. Je le trouve très intéressant et je le conseille à tous !
    voyance par mail

    RépondreSupprimer
  5. Très bon site ! Je le trouve très vivant, bien pensé en plus il a plutôt belle gueule et les illustrations sont chouettes ! Je vous souhaite bonne continuation et un bon courage pour la suite et la continuité de ce magnifique site.
    voyance gratuite en ligne

    RépondreSupprimer
  6. Coucou, ton blog est trop ! Je viens tous les jours et cela me plait beaucoup

    voyance mail gratuite

    RépondreSupprimer
  7. Grâce à vous, j'ai pu apprendre beaucoup de choses intéressantes. J'espère en apprendre encore.


    voyance en ligne gratuite

    RépondreSupprimer
  8. Franchement vous êtes formidable d'avoir fait un site pareil,
    voyance gratuite par telephone

    RépondreSupprimer
  9. Un tout grand merci pour votre site. C’est un plaisir pour toutes & tous.
    Bonne continuation
    voyance serieuse gratuite par mail

    RépondreSupprimer